Femme au Foyer Hereuse
Tout a commencé comme
d’habitude. Comme une conversation d’amies qui se prolonge tard dans n’importe
quelle maison. On rigolait un petit peu de tout et on rêvait. On buvait les
alcools idéologiques : du Rhum et de la Vodka. Avec des glaçons et du Coca Cola pour que la globalisation soit
complète.
Pendant que Delos
faisait la vaisselle, on cherchait avec Ximena le film de « la Tigresa de Oriente »[i],
et moi j’imaginais Iquitos (comme dans ce film). Isabelle est là-bas à Paris,
regardant par la fenêtre le futur qui se construit avec tous les passés. On ne
connaissait pas encore Renée et Laly. Avec nous il y a toujours une intrigue.
Tout peut éclater à n’importe quel moment.
Cette nuit nous jouions
à la gaya
scienza, au gai savoir. - Nous sommes des mystiques avec des
prétentions philosophiques -, disions-nous. Parce que tout est urgent, tout est
nécessaire. Tout a une explication suffisante. Parce que nous vivons dans un
pragmatisme magique, parce qu’on triche sur les évidences pour les séduire.
Et si nous n’étions
pas ici, où serions nous ? Si nous n’étions pas nous même, qui serions
nous? Delos joue avec le torchon et elle se transforme en une geisha. Ximena
s’arrange les cheveux et avec un pistolet de carton devient Canard-Bond. Laly
dessine ce qu’elle pense et ce que tout le monde pense. Chabe est une roumaine
qui joue d’un instrument en fer sur une place touristique. Renée est l’objet de
ses vidéos. Nous sommes tous d’autres personnes pour pouvoir continuer à être
nous mêmes.
Nous vivons dans une
rue qui n’a pas de nom, nous sommes habités par l’histoire, par les personnes
que nous séduisons, par ceux que nous avons perdus, par ceux que nous avons
oubliés. C’est dans cette maison heureuse que réside ma patrie. D’ici commence
mon chemin pour te retrouver.
Cette exposition n’est
pas une exposition de genre. C’est un imaginaire féminin, non pas un imaginaire
féministe. Je suis intolérant, je ne supporte pas la discrimination positive. À
cause de ça, je te regarde dans les yeux et je me confronte à toi. Parce que tu
es comme moi, parce que nous sommes des objets et que l’on est venu pour être
des sujets. Parce que nous nous aimons et nous nous utilisons. Parce que nous
nous approprions la maison.
Et nous découvrons de tout un coup qu’il ne faut pas lutter pour les droits, il faut les exercer. Il faut se faire chaque jour à nouveau.
[i] La tigresse d’Oriente est
une chanteuse péruvienne populaire. Ces vidéos sur youtube sont les plus vues
en Amérique du Sud.
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Happy Housewife.
Everything
started as always. Like a conversation with friends that then continues in any
house. We would laugh a bit at everything and fantasized. Drinking the
ideological drinks: rum and vodka. With ice and coke for the globalization to
be complete.
While Delos
was washing the dishes, we were searching with Ximena the videos of
La Tigresa del Oriente and I
imagined Iquitos (like in that movie). Isabelle is over there in Paris, looking
through the window the future she builds with all the past. We were yet to meet
Reneé and Laly. Our thing is always an intrigue. Everything is always about to
explode, Irina told me.
That night we
were playing the gay science, the science that dances. We are mystics with
philosophical aims, we said. Because everything is urgent, everything is
necessary. Everything has enough explication. Because we live in a magical
pragmatism, since we play tricks to the evidences to seduce them.
And if we were
not here, where would we be? If we were not what we are, who would we be? Delos
plays with the dishcloth and becomes a geisha. Ximena arranges her hair and
with a cardboard gun is Patito-Bond. Laly draws what she thinks and what others
think. Chabe is a romanian that plays a tin instrument in a public square.
Reneé is an object of her videos. We are all others to continue being the same.
We live in a
street without a name, we are inhabited by history, by the people we seduce, by
the ones we have lost, by the ones we have forgotten.
In this happy house is where my homeland is. From
here my path to find you again begins.
Even though there is only works by women, this is
not a genre exhibition. This is feminine imagery, not feminist imagery. I am an
intolerant; I cannot stand positive discrimination. That is why I look to your
eyes and confront you. Because you are the same, because we are objects that
came to be subjects. Because we love each other and we use each other. Because
we took over the house.
And suddenly we realized that we are not to fight
for our rights, we have to practice them. One must make oneself again each day. |
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Dueña de Casa Feliz.
Todo comenzó igual que siempre. Como una conversación de amigos que luego continuamos en cualquier casa. Nos reíamos de todo un poco y fantaseábamos. Bebíamos los tragos ideológicos: ron y vodka. Con hielo y coca-cola para que la globalización sea completa.
Mientras Delos lavaba los platos, buscábamos con Ximena los videos de la Tigresa de Oriente y yo imaginaba Iquitos (como en esa película). Isabelle está allá en París mirando por la ventana el futuro que se construye con todos los pasados. Aún estábamos por conocer a Renée y Laly. Lo nuestro es siempre una intriga. está todo siempre por explotar, me dijo Irina.
Esa noche jugábamos a la gaya ciencia, a la ciencia que baila. Somos unos místicos con pretensiones filosóficas, dijimos. Porque todo es urgente, todo es necesario. Todo tiene una explicación suficiente. Porque vivimos en un pragmatismo mágico, porque le jugamos trampas a las evidencias para seducirlas.
Y si no estuviéramos aquí, ¿donde estaríamos?. Si no fuéramos los que somos, ¿Quiénes seríamos?. Delos juega con el paño de platos y se convierte en una geisha. Ximena se organiza el pelo y con una pistola de cartón es Patito-Bond. Laly dibuja lo que piensa y lo que los otros piensan. Chabe es una rumana que toca un instrumento de lata en una plaza turística. Reneé piensa los rangos y estructuras sociales como modos de perpetuación. Todos somos otros para seguir siendo los mismos.
Vivimos en una calle que no tiene nombre, somos habitados por la historia, por las personas que seducimos, por las que hemos perdido, por las que hemos olvidado.
En esta casa feliz es donde reside mi patria. Desde aquí comienza mi camino para volver a encontrarte.
Y aunque sólo hay obras de mujeres, esta no es una exposición de género. Esto es imaginario femenino, no imaginario feminista. Yo soy un intolerante, no soporto la discriminación positiva. Por eso te miro a los ojos y te encaro. Porque eres igual, porque somos objetos que vinimos a ser sujetos. Porque nos queremos y nos usamos. Porque nos adueñamos de la casa.
Y descubrimos de repente que no hay que luchar por los derechos, hay que ejercerlos. Hay que hacerse de nuevo cada día.
Jorge Sepúlveda T.
Curador Independiente
Buenos Aires,
octubre de 2009.
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